Les Insectes forment une classe d’Arthropodes Mandibulates qui représentent le plus grand groupe d’animaux présent sur la planète, en effet avec plus d’un million d’espèces connues et des estimations allant de trois à trente millions selon les auteurs [Ramade, 2012], ils représentent quatre cinquièmes des espèces animales de la Terre [Leraut, 2003]. Leur nombre important fait qu’ils sont même à la base du monde que nous connaissons, sans eux, aucune vie ne serait possible. Ils sont, en effet, aussi importants dans le monde animal que dans le monde végétal. Ils servent, par exemple, de base au réseau trophique, mais aussi de moyen de fécondation de millions de plantes.
Figure 1 : Blastophaga psenes mâle à droite et femelle à gauche - Blastophaga psenes est un hyménoptère de la famille des Agaonidae qui assure la pollinisation du figuier. Après avoir été fécondées par les mâles, les femelles vont pondre dans l’ovaire de la fleur du figuier. Mais elles ne peuvent le faire que dans les fleurs à style court, c’est pourquoi il existe deux types de figues, les pouponnières qui contiennent des fleurs à styles courts (fleurs brevistyles) qui peuvent être parasitées et les pépinières qui contiennent des fleurs à styles longs (fleurs longistyles) qui ne peuvent pas être parasitées et qui donnent une infrutescence normale
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Les floricoles comme les Lépidoptères ou les Hyménoptères pollinisent, en butinant les fleurs, des plantes entomophiles qui autrement resteraient stériles. Fort de ce constat, l’évolution de nombreuses plantes s’est faîte en parallèle de celle des insectes, certaines en dépendent même étroitement [Grimaldi, 2005]. C’est, par exemple, le cas chez le figuier où à la fois l’insecte pollinisateur, appeléBlastophage du figuier, et la plante ont besoin l’un de l’autre pour assurer la pérennité de leurs espèces, illustrant ainsi une coévolution parfaite des individus [Kjellberg, 1987].
Les détritivores, coprophages et autres nécrophages recyclent les déchets organiques de l’environnement qui, sinon, croulerait sous les immondices, comme les excréments, les cadavres ou les feuilles mortes.
D’une manière plus générale, les insectes participent largement à la biodiversité et ont un rôle majeur dans le réseau trophique. Ils nourrissent, en particulier, une grande partie de l’avifaune et des mammifères insectivores, qui eux même seront mangés par d’autres animaux et ainsi de suite pour enfin arriver dans nos assiettes.
L’écrasante majorité des insectes est inoffensive, cependant certains peuvent piquer, mordre ou provoquer d’autres maux. De même un nombre négligeable de ces insectes est vecteur de maladies graves pour l’Homme et son bétail. Cependant, même s’ils sont négligeables, ces insectes marquent les esprits d’autant plus que les médias ne font rien pour atténuer le phénomène [URED, 2008]. Il existe plusieurs exemples :
Par ailleurs dans certains pays, l’existence de ravageurs associés à la monoculture entraine parfois d’importants dégâts avec des conséquences terribles pour l’économie locale. Autant de petits maux qui nous font oublier les services écologiques primordiaux que nous rendent les insectes.
« L’évolution engendre la diversité » [Leraut, 2003]. Justement, dans l’histoire de la vie, les insectes sont les organismes les plus diversifiés. C’est pourquoi ils sont utilisés pour fournir d’importants aperçus de l’évolution. Il est estimé que les premiers insectes ont colonisé la terre ferme il y a 420 millions d’années ce qui les place dans les premiers organismes évolués pouvant vivre sur terre [David, 2005]. Cependant, les scientifiques supposent que d’autres invertébrés peuplaient déjà les sols, comme les myriapodes, les araignées ou les scorpions [David, 2005].
Sur ces 420 millions d’années, la sélection naturelle a, bien évidemment, opéré, beaucoup d’espèces, voire même, d’ordres ont disparus. Ainsi le groupe des Paleodictyoptèrides (Paleodictyopterida) a totalement disparu, même s’il y a 250 millions d’années ce groupe, comprenant 4 ordres, fut l’un des plus développés.
Pour comprendre l’origine et les extinctions d’espèces, il est crucial de s’intéresser à la phylogénie, c’est pourquoi il est indispensable de s’intéresser aux fossiles les relations de parenté qui peuvent exister entre les espèces. Ainsi, la communauté scientifique a pu montrer que les fossiles des premiers « blattoïdes » vivant sur Terre, il y a 320 millions d’années à 150 millions d’années ressemblaient à des blattes primitives [David, 2005]. Les fossiles nous apportent aussi des données uniques sur l’âge des lignées, sur leur arborisation et sur les extinctions. Des fossiles d’abeilles sociales ont été découverts dans une zone où les abeilles sociales autres qu’Apis melifera n’existent plus aujourd’hui, or elles étaient étonnamment diversifiées [Leraut, 2003]. Grâce aux fossiles les scientifiques ont aussi appris que les fourmis et les termites existent depuis 50 à 100 millions d’années, mais que cependant, en ce temps ces insectes n’étaient pas encore sociaux [Leraut, 2003].
Des fossiles d’Odonatoptères géants datant de 320 millions d’années ont été découverts, ces tailles impressionnantes étaient dues aux taux importants d’oxygène dans l’air, celui-ci jouant sur l’action des muscles, les animaux de cette époque pouvaient donc se développer plus facilement [Leraut, 2003].
Les insectes représentent le plus grand nombre de fossiles dans le monde, ce qui fait qu’ils sont matière à étude, autant pour les entomologistes que pour les paléontologues. Le fractionnement de la Pangée originelle et la dérive des différents continents ont occasionné l’apparition d’environnements très différents les uns des autres. Les populations d’insectes de ces milieux vont alors se modifier et donner de très nombreuses lignées, ceci en raison d’une meilleure adaptation à la température, à l’humidité, et à la sécheresse, d’ailleurs le mode de nutrition va entrainer la modification flagrante des pièces buccales [David, 2005]. Aujourd’hui, la grande majorité des insectes est herbivore, d’autres sont détritivores, coprophages ou encore nécrophages. Cependant les prédateurs et les parasites ne font pas abstraction, il existe même des familles voir des ordres entiers de parasites d’autres arthropodes comme les Strepsiptères dont les femelles bouclent leurs cycles de vie dans d’autres insectes en les rendant stériles et en leurs faisant prendre des apparences intersexuées [Kathirithamby, 2002]. Les insectes sont donc adaptés à tous les régimes alimentaires.
A l’heure actuelle, tous les milieux, à l’exception des milieux marins, sont colonisés par une faune entomologique, milieux pouvant parfois être très étonnants, certains insectes vivent en effets dans les neiges éternelles [Moisset, 2005], d’autres se reproduisent dans des marres de pétrole [Coutin, 2007], d’autres encore préfèrent les milieux hypersalins. La sortie de l’eau par les ancêtres des insectes ne s’explique toujours pas, car quitter l’eau pour le milieu aérien pose divers problèmes. L’eau devient limitante et l’animal doit éviter les déshydratations. Cependant, pour pouvoir trouver de l’eau il faut pouvoir se déplacer, ce qui est impossible avec la pesanteur, or celle-ci est atténuée dans l’eau par la pression d’Archimède. Ces problèmes ont été résolus par différentes adaptations, ce qui a permis la réussite de ce groupe gigantesque. La présence d’une cuticule, la forte réabsorption rectale d’eau, l’excrétion de déchets déshydratés à l’extrême et la respiration trachéenne ont permis de lutter contre les pertes en eau [Beaumont, 2000]. La petite taille, la présence de l’exosquelette rigide permettant le développement musculaire et le vol permettent de lutter contre la pesanteur.